Lutte contre les puissants
Arsène Lupin, Les origines (dont le troisième opus est sorti en janvier dernier) constituait la série 1 de la renaissance du personnage. Ce roman plante la saison 2 de ses aventures, sans suite depuis la série télé avec Georges Descrières et le film sorti en 2004 avec Romain Duris. Il était donc temps de faire revivre cet « homme au caractère emblématique, touche-à-tout qui peut épouser des centaines d’identités différentes. »
Et c’est avec ce thriller politique qu’il revient sur scène, une histoire plantée à la fin du XIXe siècle, au lendemain de l’incendie du Bazar de la Charité. L’amour de Lupin meurt et lui disparaît du même coup. Dix ans plus tard, lorsqu’un scandale éclate, il est accusé d’avoir dérobé des secrets militaires pour les vendre à l’Allemagne. Le distingué malfaiteur, emmené à travers les rues sombres parisiennes et le désert marocain rencontre le général Lyautey et le président Clemenceau, dans une ambiance digne du roman populaire d’autrefois. Avec Les héritiers, Lupin est à la fois le même et transformé : les auteurs quadragénaires ont appuyé les singularités du personnage et forcé le trait. « Il méprise toujours l’argent, c’est ce qui le rend indémodable mais la différence entre le héros de Leblanc et le nôtre, c’est que le premier est un voleur par vocation et là, il le devient pour servir sa cause. Il est seul contre tous, à lutter contre les puissants. »
Lupinien jusqu’au bout des ongles, Pierre-Antoine Dumarquez, le président d’honneur de l’Association des amis d’Arsène Lupin (AAAL) trouve que « c’est une vision neuve du personnage. Il est régénéré tout en étant bien implanté dans la légende. » Son association, trente-cinq d’existence, organise pendant tout le week-end ses Journées lupiniennes à Etretat. Elle tient à inviter les deux écrivains, qui se revendiquent les dignes héritiers de Leblanc, qui leur a donné envie de prendre la plume : parce qu’il « est intéressant de provoquer la rencontre entre de jeunes auteurs et un public traditionnel. » La Normandie représente le « paradis perdu » pour Lupin. Benoît Abtey a, lui, découvert Etretat au moment de la sortie du roman avec « cette sensation étrange de se sentir en terre sainte, de voir la présence de Lupin et de son créateur partout. » Avec la suite des aventures prévues dans un an avec Tout l’or du monde, le héros ne devrait pas quitter tout de suite l’écrivain.
PATRICIA LIONNET
Les nouvelles aventures d’Arsène Lupin, Les héritiers ; 352 pages, Xo Editions. Arsène Lupin, Les origines (BD).